Le parlage solognot

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Le langage des Solognots d'aujourd'hui, ne se distingue pas de celui des régions voisines.
A peine de temps en temps, retrouve-t-on chez quelques vieux ruraux, un accent ou quelques mots "inconnus".
L'enseignement de l'école, la mutation des activités, le brassage des populations ont entraîné cette uniformisation.
Pourtant, jusqu'à la moitié du 20ème siècle, on parlait encore "le solognot" ! Peut-on parler de langue ? de dialecte ? de patois ?
Bernard Edeine résout la question, dans son ouvrage paru en 1983, "Le vieux parlage solognot", prenant appui sur quelques érudits qui l'ont précédé (Louis de la Saussaye , Hubert Fillay...), il met en évidence toute la richesse d'un vocabulaire souvent issu du vieux français, dont la prononciation est héritée des siècles passés. A la cour royale de Romorantin, ne disait-on pas, comme les Solognots, grous pour gros, chouse pour chose, menteux et laboureux, pour menteurs et laboureurs, et, dans la Pléiade : "le souleil brille"...comme en Sologne !"
C'est par ignorance, qu'on se moque parfois de ce parlage, dans les milieux citadins.
Certains écrivains régionalistes, quelques chansonniers ont essayé de restituer la verdeur rabelaisienne de cette expression solognote, mais ce sont des voix disparues qui ne subsistent plus que dans quelques enregistrements (fonds UCPS).
Comme une espèce animale et végétale qui ne peut survivre hors de son milieu, le parlage solognot a disparu peu à peu...

Un petit glossaire, pour goûter au parlage solognot

Chez les oiseaux :
- une agorgette, ou une bangounette, c'est une fauvette,
- une ajudelle , ou judelle : une foulque ou une poule d'eau,
- un ameuillon : un épervier,
- une aronde : une hirondelle,
- une ajasse, ou jacasse : une pie,
- une chavoche : une chouette, et un chaouant un chat huant,
- un roubsi : un roitelet ou un troglodyte,
- une boute boute : une huppe,
- l'afforgnat: le jeune oiseau qui va quitter le nid (et le jeune garçon sera un gnas, mais aussi un aloua),
S'il est ben alouetté : c'est qu'il est vif comme une alouette...


Chez les insectes :
- un guerlet : un grillon,
- un sauteriau : une sauterelle,
- un caquesiau : un moustique,
- une talune : un taon, un insecte piqueur,
- une aragne : une araignée


Et chez les autres :
- l'anvot : l'orvet,
- le sarpent : le serpent, et la coleuvre pour couleuvre,
- le rabouliot ou raboliot : le jeune lapin de garenne encore au nid,
- le lieuve ou le capucin : le lièvre,
- les loches (ou licoches) et les lumas : les limaces et les escargots
- les guernazelles ou guernouilles : les grenouilles
- les couamelles ou clousiaux : les coulemelles,
- les carelles : les roseaux,
- les gants de bargèze (gants de bergère) : les digitales,
- le soubersiou : le chèvre-feuilles
- les bertilles et les béluettes : les brindilles et les étincelles,
- la boucheture : la haie....

Le sol est ardilleux : argileux ; on peut « pouéser » : marcher dans la boue, et « patter » : s'embourber, se salir,
« ça patte pas aux roues ! » signifie: ça ne traîne pas !
« ça bérouasse » : il tombe une pluie fine ; mais une r'nâpée : c'est l'averse !
- berdique berdinque : de droite et de gauche, brancarder (pour l'UCPS, c'est berdigne-berdogne)
Un homme qui n'avance pas dans son travail : c'est un bernassier ; s'il n'est pas bien malin : un berlot, on dit aussi: "grand avéniau va !";

[blockquote]Les solognotes portaient la câline et les solognots le couémiot.[/blockquote]
Ils peuvent s'amignauder (se flatter, se caresser), se biger ou biner (s'embrasser), et se bauger (aller se coucher)...

Et pour éprouver cette petite leçon de langage, on peut essayer de traduire ce refrain d'une chanson écrite par Georges Chevalier *: "Nos p'tits Oisiaux"
"Le roubsi, le chacha, la margot,
la chavauch',  le ricard, l'équercelle,
la bout' bout' , le cul-blanc, le marlot,
la gadraille, la coua et l'étourniau..."
*G. Chevallier: romorantinais, chansonnier (1881-1950)